De Luang Prabang a Phôngsali

Publié le par Lobiliba

 

Nous quittons Luang Prabang visa Vietnamiens en poche et bouteille de Lao Lao (l’alcool de riz à 50°C) dans le sac.

Notre séjour dans la charmante ville de Luang Prabang sest terminé avec quelques explications de textes avec le jeune patron de notre auberge qui a essayé de nous entourlouper sur le prix des visas vietnamiens, mais nous l'avons démasqué (!!!) en passant à l'ambassade vietnamienne.

Donc après de longs palabres avec le sourire, car il ne faut jamais sen départir dans ce coin du monde, entre Patrick et lui, il finit par nous rembourser la majeure partie du surplus (because its high season at the embassy) qu'il nous avait demandé !!

Le lendemain un des employés de la guest house nous offre une bouteille de LaoLao juste avant le départ, nous sommes quittes tout va bien.

Nous nous dirigeons en tuk-tuk vers la gare routière du Nord pour prendre un bus qui doit nous emmener en 6 heures dans la ville d’Oudoxmay. Au vu de la vétusté du bus et de son chargement (autant de chargement sur le toit que dans le bus dont 2 mobylettes !!) on se demande si le toit ne va pas s’effondrer sur notre tête avant d’arriver (je passe en revue les caractéristiques de notre assurance) mais non Baw pen nyang (pas de problème comme on dit ici) nous arrivons entiers.

Le bus au depart de Luang Prabang

 

Dans le bus comme d’habitude, on optimise l’espace, les sièges sont occupés par 2 à 3 personnes, dans les travées on met des tabourets et entre les tabourets des sacs de riz !

 

Nous nous engageons dans une route sinueuse à travers les montagnes, un peu défoncée par endroits et poussiéreuse (nous allons vite comprendre que route et poussière sont un euphémisme au Laos). Nous croisons seulement de gros camions en provenance de la chine et quelques bus bringuebalants comme le notre…

 

Les montagnes sont particulièrement déboisées, on se demande ce qu’ils ont fait du bois, ce sont les éléphants qui doivent œuvrer pour tracter les troncs dans ces reliefs assez inaccessibles. Nous traversons quelques rares villages poussiéreux et finissions par arriver à la capitale de la province : Oudoxmay la poussiéreuse où nous ne passerons qu’une nuit avant d’aller à Muang La, petit village paisible où nous faisons étape avant de continuer notre remontée dans le Nord du pays.

 

Nous prenons ensuite le bus qui doit nous emmener à Phôngsali à 200 km de là en 9 à 15 heures comme nous le précise prudemment le gars de l’office du tourisme local.

Le bus pour aller a Phongsali

Nous comprenons vite pourquoi, ici il n’y a plus d’asphalte les routes sont cahoteuses, des chemins en fait, dans des zones montagneuses et la poussière est indescriptible. Nous allons bientôt investir dans des masques comme les locaux de l’étape, car nous n’en avons pas fini avec ce type de routes !!

 

Dès le 1er arrêt du bus nous, nous comprenons que nous sommes arrivés dans un nouveau monde : au menu brochettes de rats et d’oisillons, écureuils et oiseaux multicolores sur les étals…. Nous allons nous régaler !

  Brochettes de rats et d'oisillons

Les paysages montagneux sont somptueux, notre destination se situe à plus de 1400m d’altitude ici c’est le domaine des ethnies montagnardes, parfois assez sauvages, qui pour la plupart n’ont jamais ou presque vus d’enfants métissés.

Partout où nous passons tout s’arrête, des dizaines de paires d’yeux nous fixent avec de grands éclats de rire… la principale curiosité réside dans les cheveux d’Abigaël, les plus courageux nous demandent de pouvoir les toucher : est-ce que c’est naturel… ils vont regarder vers les racines… est-ce que c’est un bonnet… ? Mais qu’est-ce que c’est !!

  Environs de Phongsali

Nous nous posons quelques jours, au détour d’une marche alors que Patrick cherche à offrir à des villageois du riz gluant avec des herbes que nous n’apprécions pas, nous nous faisons inviter par un couple de petits vieux à partager le repas. Tout commence par le LaoLao l’alcool de riz, on trinque et on déjeune au milieu de la basse-cour, nous sommes comme des coqs en pâte, même si nous ne parlons aucune langue commune, nous passons un très bon moment.

  Nos charmants hotes

Nous décidons de partir pour un trek de 3 jours avec nuits chez l’habitant, c’est reparti pour prendre le bus dans l’autre sens jusqu’à Boutai, nous laissons nos gros sacs au dépôt du Bus et nous devons les retrouver 3 jours plus tard (normalement) à un village en aval amenés par le bus du jour !!!

 

Nous avons mis les pieds dans la machine à remonter le temps : nous grimpons dans des forêts de bambous, descendons à travers des champs de riz, et finissons par arriver en fin de journée dans un village Akkha.

  Et tout ce petit monde qui nous observe !

C’est l’attroupement général, femmes et enfants autour de nous, les femmes de cette ethnie Akkha ont leurs belles coiffes et des jupes qui arrivent au niveau du genou, celles qui ont des bébés qu’elles allaitent ont les seins non couverts car cela pourrait porter malheur à leur nourrisson.

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Ethan Tao essaye de serrer la main des petits garçons qui s’enfuient en courant, ou en rigolant, le petit bonhomme de la maison est un coquin de 3 ans qui se ballade avec une arbalète, la plus grande qui doit avoir 6 ou 7 ans porte en permanence dans son dos, sa plus jeune sœur qui doit avoir un peu moins de 2 ans.

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Nous restons à nous observer mutuellement, jusqu’à la nuit tombée, notre guide nous emmène dans la maison du chef du village chez qui nous allons passer la nuit. Après le trek harassant nous demandons si il y a de l’eau quelque part pour se laver, mais le village n’a pas de source d’eau, les femmes sont de corvées d’eau (qu’il faut aller chercher à 30 mn de marche) et de bois tous les matins. Ici ce sont clairement les femmes qui travaillent le plus, il y a beaucoup d’enfants, des cochons partout dans le village et plein de chiots (on se dit qu’on va finir par en manger mais apparemment non).

 

Le soir nous trinquons avec de la Lao Lao et au menu il y a du riz gluant bien sûr et différentes préparations dont une à base d’écureuil, nous mangeons dans la pièce de vie principale où se fait le feu, comme il y a peu d’ouvertures et pas de cheminée c’est un peu enfumé… Seuls les hommes sont assis à notre table, la femme est assise avec les enfants plus loin et mange avec eux, elle vient nous servir mais à une condition de quasi esclave à mes yeux.

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Nous essayons de communiquer mais notre guide sensé parler anglais ne comprend pas les questions basiques : why, when, where…cela rend la conversation limitée.Mais ce n’est pas un problème avec des gestes nous comprenons l’essentiel ! Nous passerons la nuit sur des nattes à l’étage juste à côté de la famille !

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Ce village était particulièrement isolé, accessible à pied seulement et à plusieurs heures de marche du chemin carrossable le plus proche ! Pourtant le chef possède une télé avec une grande parabole (allez comprendre alors que le village n’a pas d’électricité !) c’est complètement anachronique quand on voit la maison très sommaire !

  Ce sera notre dejeuner

Le lendemain nous repartons à travers les montagnes pour d’autres villages, nous arrivons dans une tribu Akkha différentes où les femmes ont d’autres coiffes. C’est le même attroupement, à la sortie nous passons à travers une porte Akkha qui éloigne les mauvais esprits et à laquelle sont cloués pattes de poulets et de chiens !

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Nous atteignons finalement après des heures de marche sur des chemins de crête dans un magnifique paysage le village de Namly où nous arrivons... chez le chef qui a une mobylette… et que nous avions croisé plus tôt dans la journée. Nous devions faire étape plus tôt, mais devant l’invitation de ce sympathique chef et l’insistance de notre guide (surnommé Ducon), nous poursuivons le trek.

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Les enfants sont aux anges car le chef à Mobylette les emmène sur sa mobylette, nous mettrons 2h30 pour les rejoindre. Un coin magnifique.

 

Le soir nous sommes bien cassés, cette fois dans le village il y a un accès à l’eau et un robinet public où tout le monde vient se doucher. Nous attendons notre tour, en observant les pratiques locales…tout faire en public et ne rien montrer…

 

Enfin une bonne surprise nous attend pour le repas du soir, afin de nous requinquer, le chef et sa femme Akkha également, nous ont préparé du rat !!

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Avant bien sûr on trinque avec du LaoLao et avec de la Lao Béer (ça aide à faire passer le rat) et on déguste, je sens que ce challenge immortalisé en vidéo peut rapporter une ou deux bouteilles de champagne, qu’en pensez-vous ?!

 

Comme pour chaque repas, y compris le petit déjeuner bien entendu ! Nos hôtes se mettent en 4 pour nous recevoir, la nuit nous dormons les 4 dans un lit pour 1,5 et nos pieds dépassent de 30 cm pour Patrick.

 

Le lendemain au réveil, le chef et sa femme nous préparent des excellentes préparations à base de cochon, ils sont du comprendre que nous n’étions pas fans de rats, il y a aussi des fleurs que Ducon a ramassé en forêt et puis comme à tous les repas riz gluant et LaoLao... Petit-déjeuner exceptionnel même si nous n’arrivons pas à comprendre tout ce que nous sommes en train de déguster!

  On se rechquffe au coin du feu pendant que le rat mijote

 

Alors que je sors une coiffe Akkha achetée en montagne, la femme du chef et une de ses copines se jettent sur la coiffe et l’observe sous tous les angles dédaigneusement ! Elle me sort alors timidement ses propres confections… tout cela est extrêmement joli…j'achète, je ne suis pas sûre d’avoir l’occasion de porter cela très souvent mais qui sait, en tout cas c’est un joli souvenir coloré de notre périple !

 

S’ensuit une longue journée à attendre le bus qui n’arrive pas, et dans ce bus on croise les doigts pour qu’il y ait nos sacs, nous nous baladons dans le village et visitons les écoles . D’abord le collège où nous sommes accueillis par le directeur, beaucoup d’enfants viennent des villages de montagne et restent dans des dortoirs très spartiates toute la semaine.

  Le dortoir des collegiens venant de villages eloignes

Pendant la pause des profs, les élèves restent droit devant le drapeau du Laos, nous discutons avec les profs d’anglais, il y a une prof de politique (je me demande bien quel est le contenu et l’objectivité de l’enseignement : tendance communiste?)

 

Ensuite nous allons à l’école primaire, des dizaines d’enfants et très peu d’instits, ce sont les plus grands qui font la police…. Dans une classe désertée par l’enseignant, Patrick s’improvise professeur, c’est la rigolade assurée, mais il a de jeunes élèves très coopératifs pour compter jusqu’à 10 en français d’abord puis en anglais (voir la vidéo).

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Le bus finit par arriver (nous commencions à nous inquiéter !), le chauffeur nous fait comprendre qu’il a 3 sacs (kop chai !!) et nous allons effectuer le trajet le plus poussiéreux jusqu’alors. Les fenêtres arrières sont cassées et toute la poussière s’engouffre dans le bus, on voit à peine les voisins de l’autre côté de la travée !!

 

Dans le bus un allemand nous explique que plus tôt 2 pneus (un de chaque côté) ont crevés ce qui explique le retard, d’ailleurs à la pause on regarde un pneu avant de rechange il lui manque de larges bandes de caoutchouc, mais l’assistant du chauffeur éclate d’un grand éclat de rire quand je lui montre en levant le pouce : No problem ! No problem ! Bon ben s’il le dit !!

 

Nous revenons à Oudomxay un jour de repos, pour faire des devoirs et une bonne lessive (essayer d’enlever les couches de poussières), trouver un cybercafé… et ensuite on repart un peu plus à l’est du côté du Viêtnam… Les enfants de Ban Namly

Publié dans Laos

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C
je vois que le dépaysement n'est si important que ça le lao-loa a le même degré que le rhum guyanais et riz bon c'est ok pour tous.<br /> Merci quand même pour le dépaysement<br /> Bonne continuation à tous
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