Au cœur du triangle d’or
Nous sommes à Kengtung au cœur du triangle d’or, à l’extrême est de la Birmanie et proche des frontières chinoise, laotienne et thaïlandaise.
Nous avons pris un petit coucou depuis l’aéroport d’Heho et nous nous sommes fait secoué par les turbulences, en survolant des chaines de montagnes avec ici et là quelques petits villages aux toits de chaumes traversés par de larges fleuves boueux.
La ville de Kengtung était en effervescence à notre arrivée, des célébrations pour fêter la fin de 3 mois de careme et de prières à Bouddha qui vont donner lieu à 3 jours de fête avec au programme : pétards à gogo et lancé de lanternes dans le ciel, qui en était littéralement illuminéle premier soir…C’était superbe mais l’ambiance était également stressante : des dizaines de scooters, des pétards, et aussi les odeurs d’encens dans les pagodes, et des dizaines de lanternes allumés devant toutes les maisons, allant de la simple bougie, aux lampions, et aux fleurs de lotus illuminées…
Nous sommes dorénavant au cœur d’une zone où nous ne pouvons plus circuler librement, la moindre expédition dans les villages tribaux environnants est sujette à autorisation de l’immigrationDans cette zone vivent beaucoup d’ethnies différentes dont les coutumes et les modes de vie ancestraux sont préservés.
Nous attendons pour l’instant de savoir si nous aurons le droit de bouger et si oui sur quelle zone. Notre guide nous explique que parfois il faut 20mn parfois il faut 3 jours pour obtenir l’autorisation, certains des villages ou nous devions aller marcher sont fermés car il semble qu’il y ait eu des attaques de rebelles au cours des 10 derniers jours. Nous cernons mieux la complexité de ce pays, où les gens sont à la fois discrets et souriants et oùil existe toujours du travail forcé, nous avons pu nous en rendre compte. L’entretien des routes notamment se fait uniquement à mains nues, des hommes mais surtout des femmes disposent de gros cailloux sur les zones à réparer, les hommes cassent ensuite ces cailloux avec de gros maillets. La disposition du goudron, chauffé dans de vieux tonneaux est positionné avec des espèces de seau, c’est un travail de bagnard, et nous avons vu ces gens sur toutes les routes que nous avons parcouru. Les casernes militaires sont également légions, et on dit que les maisons des généraux sont luxueuses (nous avons pu en apercevoir à Kalaw) alors que la majeure partie de la population vit toujours dans des petites cases assez précaires en bambou. Tout est complexe : nous avons à la fois le sentiment d’être libre sur les zones autorisées aux étrangers, mais beaucoup de zones du pays nous sont interdites.
Les treks dans les villages tribaux : Akkas, Hens, Akkus,La-Hu
Après des allers et retours quotidien pour quémander les autorisations et pour montrer patte blanche au retour des treks nous avons pu circuler sur une partie des zones environnantes et ce ne fut pas chose aisée que de circuler.
Le patron de notre hôtel (ou nous sommes les seuls clients depuis 5 jours !!) et celui d’un autre hôtel de Kengtung ont sorti leur grosse voiture et sont rendre visite à un général…. qui a ensuite écrit un fax au service de l’immigration, etc. Enfin après examen et réexamen de nos passeports nous avons pu partir mais pas sur les zones initialement prévues.
Quelle surprise que ces promenades autour de cette petite bourgadeentourée de montagnes entre 1000 et 2000 m d’altitude et nous rencontrons effectivement des villages peuplés par des ethnies différentes dont l’identité culturelle et les traditions sont encore très marquées.
Beaucoup de croyances animistes, les rituels de sacrifices d’animaux sont encore nombreux, un vieux monsieur nous dit que 10 jours plus tôt dans son village, il y a eu une fête donnant lieu à des sacrifices, dont des cochons et des chiens (dont la viande est un met apprécié aux vertus purificatrices semble-t’il) et que les têtes de chiens sont restées exposées vers le petit pont où nous sommes passés en arrivant à l’entrée du village pour protéger ce dernier. (Mais nous ne les avons pas vu !!).
Au cours des 3 derniers jours où nous avons parcouru les montagnes nous avons fait une pause dans différentes familles avec qui nous avons partagé nos victuailles et qui nous ont également offert le repas, du thé vert, de l’alcool de riz et l’opportunité de partager un moment de vie avec eux.
Beaucoup des jeunes étaient aux champs, car nous sommes en pleine moisson de riz.
Nous avons rencontré des Akkas dont les femmes ont de très belles (et lourdes) coiffes faites de bois, de pièces et de boules d’argent et de perles, elles descendent vendre leur récolte au marché de Kengtung avec leurs habits..
Nous avons également fait étape dans un village Hen, chez un couple d’anciens avec un petit monsieur facétieux de 77 ans, les Hens dont les costumes traditionnels sont noirs et qui se teintent également les dents en noir en mâchant un mélange de feuilles de bétel, de tabac, d’une autre écorce ainsi que d’argile, dont le goût (j’ai testé !!) est terriblement amer.
Voilà étape extrêmement dépaysante, il est étonnant de voir comment les ethnies dont les langues , les coutumes, costumes et croyances diffères nettement peuvent se côtoyer à moins d’une heure de marche les unes des autres dans certains coins.
Voilà aujourd’hui 16 octobre, Abigaël fête ses 6 ans au cœur du Golden Triangle, notre séjour au Myanmar s’achève, nous repartons demain pour Yangon et enchaînons ensuite sur Bangkok sous les eaux, ou notre étape, vu la situation, sera certainement de courte durée.